La mer Méditerranée, petite, salée et isolée, tire son origine de la montée des Alpes il y a environ cent millions d’années. Sa seule issue significative est le détroit de Gibraltar, ouvrant sur l’océan Atlantique. Malheureusement, ses eaux chaleureuses et accueillantes se renouvellent peu, entraînant des problèmes.
Dotée d’un riche patrimoine culturel, témoin des grandes civilisations, la Méditerranée attire plus de 200 millions de touristes chaque année. Cependant, ce succès a un revers : le tourisme de masse non réglementé nuit à la santé de nos eaux.
Un tiers du trafic maritime mondial les traverse, avec en permanence près de 2 000 navires pesant plus de 100 tonnes . La Méditerranée souffre également de la surpêche, de l’aquaculture incontrôlée et de l’exploitation des ressources pétrolières, avec environ 200 installations chimiques et pétrochimiques actives.
Cette pression humaine a des conséquences graves, avec des rapports sur les morts massives de tortues et de phoques-moines, ainsi que la menace d’extinction du thon de l’Atlantique et des prairies sous-marines de Posidonia oceanica, un habitat vital pour la biodiversité marine.
Malgré le fait qu’elle ne représente que 1 % des eaux océaniques mondiales, la Méditerranée abrite 8 % de la biodiversité de la planète, aujourd’hui gravement menacée.
Le changement climatique dans une petite mer
Le changement climatique affecte de manière disproportionnée la mer Méditerranée, surnommée le Mare Medi Terraneum, en raison de sa taille modeste et de son isolement relatif.
Une récente étude de l’Institut espagnol d’océanographie (IEO) révèle une accélération de l’augmentation de la température et de la salinité des eaux méditerranéennes occidentales depuis les années 1990, avec une augmentation de la température de surface pouvant atteindre jusqu’à deux degrés par siècle.
Les projections pour le XXIe siècle indiquent un réchauffement continu de la surface de la mer, avec des augmentations de température attendues entre 1 et 4 ºC, selon différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre.
De plus, il est probable que les eaux profondes de la Méditerranée se réchauffent davantage que celles d’autres océans du monde.
Un rapport élaboré par plus de 80 scientifiques souligne les dommages infligés par le changement climatique à la mer Méditerranée, notamment l’élévation prévue du niveau de la mer, estimée à plus d’un mètre d’ici 2100.
Cette augmentation met en danger environ un tiers de la population méditerranéenne, principalement les personnes vivant près de la côte et ayant peu de ressources pour se protéger ou se déplacer.
Les conséquences du changement climatique se font également sentir sur l’agriculture, avec la salinisation des sols dans les deltas et les estuaires des fleuves, comme le Nil, l’Èbre, le Rhône et le Pô.
L’Espagne sera particulièrement touchée par les vagues de chaleur et les sécheresses, tandis que les régions du Moyen-Orient et du Proche-Orient seront confrontées à des pénuries d’eau croissantes, mettant en danger les moyens de subsistance de millions de personnes et aggravant les conflits potentiels et les migrations massives.
Ces défis environnementaux sont exacerbés par d’autres pressions humaines, notamment l’urbanisation, le tourisme, l’intensification agricole, la surpêche, la dégradation des sols, la désertification et la pollution.
L’acidification de l’eau et la perte de biodiversité
L’acidification des océans, causée par l’accumulation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, contribue à un avenir incertain pour la mer Méditerranée, déjà confrontée à de nombreux défis.
Les données de MedSeA révèlent que le pH moyen de la surface de la Méditerranée est passé de 8,2 à 8,1 au cours des 25 derniers millions d’années, illustrant une acidification croissante de l’eau.
Cette acidification menace la vie marine en corrodant le carbonate de calcium, utilisé par les coraux et les organismes à coquille. Les coraux souffrent, tandis que les espèces invasives prospèrent.
La Méditerranée est devenue un foyer pour de nombreuses espèces non indigènes, arrivant principalement de la mer Rouge et du détroit de Gibraltar en raison de la navigation et de l’aquaculture.
Les conséquences prévues de cette acidification incluent des épidémies de méduses plus fréquentes, des proliférations d’algues et de mucilages, une diminution des populations de poissons commerciaux et une perte globale de biodiversité, résultant de perturbations physiologiques et écologiques chez de nombreux organismes marins.
La surpêche, un problème persistant
Le WWF souligne la pratique courante de la pêche illégale, non réglementée et non déclarée (INN), notamment dans les eaux libyennes et italiennes. Par exemple, chaque année, selon le WWF, plus de deux fois la quantité autorisée de thon rouge est pêchée dans les eaux méditerranéennes.
La production de fruits de mer est menacée par ces pratiques de pêche non durables, ainsi que par l’invasion d’espèces non indigènes, le réchauffement des eaux, l’acidification et la pollution. Ensemble, ces facteurs pourraient entraîner l’extinction locale de plus de 20 % des poissons et invertébrés marins exploités d’ici 2050.
Un manque d’espaces protégés
Un autre défi est la rareté des zones marines protégées. Seulement 4 % de la Méditerranée bénéficient actuellement d’une protection officielle, principalement dans les eaux des pays de l’UE.
Le WWF exhorte l’UE à étendre la protection à 10 % de ses eaux méditerranéennes pour atteindre les nouveaux objectifs fixés par la Convention de 2010 sur la diversité biologique.
L’organisation travaille également avec des pays tiers tels que la Croatie, le Liban, la Libye et le Monténégro pour créer des zones marines protégées.
La pollution à grande et petite échelle
En raison de sa configuration géographique, ce qui est jeté à la mer dans la Méditerranée a tendance à y rester. Depuis la révolution industrielle, cette mer est devenue un bassin de concentration de métaux lourds et d’autres polluants, notamment les biphényles polychlorés.
La Méditerranée est également la mer la plus polluée par le plastique au monde, concentrant entre 20 et 54 % des particules microplastiques planétaires. Environ 95 % des déchets flottant dans cette mer sont en plastique.
Malgré l’adoption de la Convention de Barcelone en 1976 pour protéger la mer Méditerranée contre la pollution, de nombreux programmes n’ont pas réussi à mettre en place une politique environnementale contraignante pour toute la région. Cependant, des progrès ont été réalisés, comme la possibilité de se baigner sur les plages de Barcelone, ce qui était autrefois impensable.
Des défis politiques et culturels
La Méditerranée, avec ses 23 pays, présente des disparités économiques et politiques importantes, ce qui rend difficile la mise en place de politiques environnementales contraignantes. Les orientations politiques divergent, des pays de l’UE à ceux tentant d’y adhérer, en passant par ceux en crise politique ou considérés comme des ennemis politiques.
Malgré ces défis, la Méditerranée demeure le berceau de civilisations fondamentales. En puisant dans ces racines communes, une nouvelle civilisation de peuples unis pourrait être construite pour préserver la santé et la productivité de la mer Méditerranée pour les générations futures.
MEDNIGHT a un objectif : l’intégration de tous les pays méditerranéens sous un même drapeau qui nous rassemble tous pour partager la tâche de prendre soin de notre mer.